On nous pose de plus en plus souvent cette question (ou cette mise en garde) autour de nous : “Vous vendez réellement TOUT ? Y compris l’appartement, la télé, le canapé, les meubles, toussa ?… Mais pourquoi ? Vous n’aurez plus rien !”. Il y a bien évidemment une raison financière à cela en tant que cagnotte de voyage.
Mais pas que.

 

Se débarrasser du superflu

Notre actuelle envie de liberté et d’épanouissement passe par le besoin de se débarrasser du superflu et de l’inutile, de réduire le nombre de biens en notre possession. Si nous levons les yeux de l’écran et observons ce qui nous entoure, combien d’objets achetés voyons-nous ? 50 ? 100 ? 200 ? plus ? Nous accumulons chaque jour des biens dont nous sommes propriétaires mais qui ne nous sont pas vraiment utiles, voir parfois jamais, et surtout qui ne nous rendent pas forcément plus heureux.

Le confort en est la raison ? Évidemment, mais pas toujours si on y regarde de plus près. Tout le monde sait qu’un bon tri pour se débarrasser, pour désencombrer ou pour retrouver de la place, fait psychologiquement du bien. Toute personne qui a, au moins une fois, déménagé dans sa vie, s’est entendue prononcer ce type de réflexion : “Lorsque nous avons dû déménager il a fallu faire un tri : on ne se rendait pas compte que l’on avait autant accumulé. C’est incroyable tout ce que l’on avait. On ne savait plus que l’on possédait autant de choses. On en jeté, mais il nous en reste encore beaucoup !

Maisons entassées

 

Conserver l’essentiel

La sédentarité nous pousse à posséder des biens. Nous achetons, consommons, accumulons sur des étagères ou dans des pièces de plus en plus grandes au fur et à mesure que nous avançons. L’ultime acquisition est naturellement la propriété principale (mais la réflexion vaut pour le/les propriétés annexes). Pour cela, il faut alors s’endetter ; à notre dépendance à la consommation s’ajoute alors la dépendance à notre banquier. Le capitalisme n’existe que grâce au système de crédit qui en est sa colonne vertébrale financière. Nous devons devenir propriétaires ; tout nous y pousse : les proches, la socialisation, la peur du lendemain ou celle d’une faible retraite. Si nous acceptons de travailler c’est en majorité pour payer nos crédits et espérer avoir un petit peu plus pour oser offrir des extras. Mais qu’en est-il du sens et de l’épanouissement dans une période où la garantie du travail n’est pas assurée ?

Il y a 2 ou 3 générations arrières, l’objectif de réussite sociale passait par l’acquisition de maison(s) secondaire(s). Aujourd’hui, si vous arrivez à assumer votre maison principale dans le contexte économique actuel c’est déjà pas mal. Et demain ? Demain, “la propriété” disparaîtra au profit de “l’usage”. Et cela se voit dès aujourd’hui : les actes de consommation évoluent vers l’usage d’un moyen de transport plutôt que la possession d’un coûteux véhicule personnel stationné à 90% de son temps, vers la mise en place du prêt de matériel, vers le partage collaboratif pour utiliser un bien et même un service. La crise d’un système en sur-exploitation, la raréfaction des ressources naturelles qui en résulte et la silencieuse mutation de nos sociétés, nous entraînent peu à peu vers un nouveau paradigme où posséder n’est plus forcément l’ultime nécessité de satisfaction et d’épanouissement.

cochon Tirelire
Le cochon en terre cuite, le meilleur ami de l’Homme sédentaire

 

“Vous n’êtes pas matérialistes”

Nous avons déjà entamé cette démarche depuis quelques années, même si il faut l’avouer, nous nous faisons constamment rattraper par le système au moment des fêtes, des anniversaires ou d’autres périodes de l’année. Il nous arrive aussi d’acheter par compulsion, mais c’est vraiment de plus en plus rare.

Nous avons commencé par “manger moins mais mieux, plus sainement, avec plus de goût”, pour rapidement passer à “l’achat responsable” en prêtant attention à la provenance des biens, à leur composition et à l’utilité réelle de les posséder. Mais cette fois-ci, notre projet de tour du monde en famille et en sac-à-dos nous pousse réellement à ne conserver que le strict minimum avec nous.

Ne garder dans notre environnement que ce qui est essentiel pour vivre ! Vous savez, quand nous partons en vacances et que l’on n’emmène que ce dont nous avons besoin (en théorie !). Voilà le pari que nous faisons et qui nécessite de pratiquer le désencombrement et l’allègement extrême, d’appliquer une relation à la possession de biens qui est toute différente. Un bon moyen de vivre de manière plus harmonieuse et naturelle, mais qui n’est pas évident si l’on vit dans un système consumériste où acheter et posséder reste le modèle d’accomplissement et de comparaison sociale dans la relation avec l’autre.

Nous prenons un virage : nous tournons une page de notre vie familiale en choisissant de privilégier le temps à l’autre, le temps de ‘disponibilité de nos cerveaux’ à vivre des expériences et à ressentir des moments partagés, des sensations. En famille !

Sinon, que laisserons-nous ? et que transmettons-nous ? surtout si dans une journée on ne se voit que 2 petites heures au maximum ? Nous allons donc vivre nos rêves tant que cela n’a pas de prix ; cela reste hors du système : aucun formalisme fiscal, étatique ou notarial n’a encore su estimer ou taxer la transmission de souvenirs à nos descendants.

 

Et après ?

Nous nous adapterons, comme nous avons toujours su le faire jusqu’ici.

Et puis, nous aurons tout de même gardé l’essentiel pour chacun d’entre nous (si il n’est pas invisible) : les Legos, les Playmobils, les bandes-dessinées et les quelques objets qui ont une profonde signification pour nous 🙂

Christophe Clouzeau

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6 comments

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  • Ce qui nous reste vraiment dans la vie, ce sont les moments VECUS et PARTAGES avec ceux que nous aimons et qui nous sont chers, qui contribuent à nous enrichir et nous construire.
    Là sont les VRAIS SOUVENIRS et NOTRE PATRIMOINE LE PLUS CHER.
    Le reste n’est que foutaise, MAIS j’exclue de cette foutaise d’une part les biens transmis par nos ascendants, quels qu’ils soient, et qui font que, garder un souvenir d’eux, même s’il est matériel, les rappelle à notre mémoire constamment, autant que les valeurs et moments que nous gardons ; ils sont en quelque sorte eux aussi des vecteurs sensoriels d’émotions, que l’on a plaisir à regarder, toucher, caresser, sentir, et qui les matérialisent dans notre quotidien.
    Les “choses” ne servent qu’à cela : laisser une trace physique, en plus du souvenir, et des instants chéris et précieux, d’autant plus quand ils ont une histoire et que ces instants sont à jamais perdus …
    Je partage donc votre philosophie, mais partiellement seulement, mais bien sûr ceci n’est qu’un avis subjectif, donc sujet à caution 😉
    D’autre part, vous verrez que quand vos enfants vont grandir, vous serez rattrapés par une certaine “REALITE” : je veux dire par là le fait de leur fournir un point de chute stable que constitue le domicile familial, et qui représente bien plus pour eux qu’un simple bien “matériel”, sans compter le financement de leur études, s’ils souhaitent en faire bien sûr, et qui est le gage futur de leur épanouissement et de leur insertion dans notre société, de la meilleure façon possible, c’est-à-dire dans le respect de leurs souhaits et en leur donnant toute leur chance.
    MAIS CELA A UN COUT IMPORTANT.
    Il faut pouvoir suivre à ce moment là, et cela se prépare bien en amont, parole vécue !
    Sauf à vouloir s’exclure de cette même société, qu’elle nous plaise ou pas, là n’est pas la question ; c’est “comme ça”, sauf à renier le système, avec tout ce que cela implique.
    Gardez donc une certaine réserve financière pour votre retour et les étapes qui le suivront…
    MAIS vous avez raison, en ce sens que l’âge de vos enfants est sans doute le meilleur pour “partir, s’enrichir et les enrichir”, d’autant plus quand on a une Maman institutrice pour veiller au grain, et qu’ils sont en âge de comprendre ce qu’ils vont vivre et qu’ils ont, qui plus est, la chance de le vivre avec leurs parents.
    Bonne continuation donc dans votre projet de vie à venir et plein d’ondes positives.
    Ces réflexions ne sont que pures pistes à qui voudrait les lire et les partager, au vu de l’expérience d’une maman de deux enfants respectivement en MASTER 2, 1ère année de BTS et belle-maman de deux autres enfants, l’un qui vient de trouver un super job après un MASTER 1 fait en ERAMUS, et l’autre en deuxième année d’école de kiné.
    Sophie, la cousine de Christophe.

    • T’inquiètes ! nous nous gardons une petite (minuscule ?) réserve pour le retour, ce moment où nous aurons alors d’autres choix à prendre pour les lendemains ! Lendemains avec nos “quelques objets qui ont une profonde signification pour nous” comme je le soulignais 🙂

      Christophe, le cousin de Sophie qui est la cousine de Christophe

  • Super article !
    D’accord avec tout !
    D’ailleurs on est en train de faire pareil 😉 !!!
    Qu’est ce que ça fait du bien de s’alléger
    Nous avons vendu la maison et maintenant nos meubles partent petit à petit, on vide donc petit à petit pour ne garder que quelques trucs en stocks !

      • Excellent, je retombe sur votre article de départ que j’aurais pu écrire… Je viens de voir votre réponse… Quel bonheur de partir sans facture…sans clés de maison…sans billet retour…

      • Oui c’est assez agréable car cela permet de se sentir plus léger, l’esprit moins préoccupé.
        Pour être tout à fait francs, nous avons encore quelques paperasses administratives (rien comparée à celle habituelle) et pour laquelle nous remercions nos proches d’assumer à distance la réception et/ou la gestion parfois…